Vous n'êtes pas sans savoir que l'homme qui tire plus vite que son ombre, alias Lucky Luke, s'apprête à faire son grand retour dans les cinémas hexagonaux. Et comme souvent en pareille occasion, l'adaptation vidéoludique n'est jamais bien loin. Une adaptation qui prend la forme d'un party-game à destination des 7-12 ans et qui s'inspire des ténors du genre sur Wii. Chaussez donc vos éperons, nous allons maintenant enfourcher un vieux cheval de trait et tenter de traverser les Etats-Unis sur des chemins caillouteux et difficilement praticables.
Le soft, tout party-game qu'il soit, n'en repose pas moins sur le scénario du film. Et c'est sans la moindre pitié que je m'en vais vous conter cette histoire de chique et de mollard, afin que vous puissiez vous plonger dans l'ambiance. Car au fond, c'est sans conteste là l'aspect le plus réussi d'un titre qui par ailleurs, manque cruellement d'inspiration. On se retrouve ainsi avec des Dalton, qui sur le chemin de leur énième procès, parviennent à fausser compagnie à notre justicier favori. Les frangins nivelés en profitent même pour braquer une banque de New York, avant de cacher leur imposant butin dans une caravane qui s'apprête à filer vers l'Ouest. Manque de bol pour les quatre poupées russes imbibées de whisky, l'homme censé mener la caravane à bon port n'est autre que Lucky Luke lui-même. Tout cela, nous le découvrirons au travers d'une quarantaine de mini-jeux et presque autant de séquences extirpées à grand peine du long métrage. Et avant de lancer votre chapeau en l'air et de vous dire que vous pourrez ainsi découvrir des scènes du film en avant-première, sachez que ces extraits, extrêmement courts, n'apparaissent que dans de petites fenêtres qui déforment et écrasent l'image d'origine. Bref, il n'y a vraiment pas de quoi grimper sur le bar du saloon, même si les plus jeunes auront sans doute plaisir à (re)découvrir quelques images du film.
J'avais toujours rêvé de participer à un braquage.Comme un cow-boy averti en vaut deux, passons maintenant à la description de ce que le jeu nous propose en termes de contenu. On se retrouve ainsi avec une quarantaine d'épreuves dont beaucoup ne sont que des déclinaisons de trois genres bien précis : le tir en vue subjective, la course et le dessin. Les jeux proposés affichent d'ailleurs des similitudes troublantes avec les activités illicites des lapins crétins d'Ubisoft, et qui dans certains cas, pourraient presque crier au plagiat. On observe néanmoins quelques petites surprises originales qui permettent à Tous à l'Ouest d'éviter d'être relégué au statut de copie éhontée et sans âme, au visage pâle qui plus est. Les joueurs en seront donc pour des sessions de shoot où il sera de bon ton de dégommer les chapeaux de l'assistance dans une salle de procès, des crocos dans une rivière, ou des policiers dans une banque. On devra également danser le French cancan dans un saloon ou distribuer des mandales aux clients dans la plus pure veine du jeu de boxe dans Wii Sports. Citons également des sessions de cuisine lors desquelles on devra découper des aliments le plus rapidement possible avant de les mélanger dans une marmite odorante, le tout, sous les yeux globuleux d'un Rantanplan écumant de bave. Les plus rapides pourront également se livrer à des courses de cheval dans un tout petit quartier de la Grande Pomme, ou tenter d'éviter des obstacles en conduisant à toute berzingue un tramway.
Sous une apparence inoffensive se cache en fait un des jeux les plus délicats à traverser.Si les épreuves prennent souvent place dans des décors différents (canyons, banques, saloons, mines), force est de constater que le gameplay lui, ne varie que très peu. Plus gênant, Tous A L'Ouest se caractérise avant tout par un manque de précision particulièrement prononcé, et ce quelle que soit la phase de jeu, ou même le support, l'utilisation de la Wiimote étant presque aussi approximative que celle de la souris. C'est ainsi que l'on aura régulièrement droit à des balles qui ne partent pas lors des séquences de shoot, des cibles qui s'en sortent indemnes alors que le curseur était pourtant bien positionné, ou des aliments qui refusent de tomber dans la marmite en pleine séquence de cuisine. On passerait volontiers sur ces petits soucis s'ils n'étaient pas aussi récurrents, et s'ils n'accentuaient pas aussi sensiblement la difficulté de certaines épreuves, qui du coup, deviennent presque infaisables. D'autant plus gênant que le public visé est assez jeune, et donc pas nécessairement désireux de se coltiner le même jeu une dizaine de fois de suite pour progresser. Dans le même ordre d'idée, on notera également que la plupart des épreuves se montrent plutôt longuettes, et il n'est pas toujours amusant de tracer des signes géométriques dans l'air pendant quatre minutes d'affilée afin d'envoyer des signaux de fumée.
Pour jouer en multi, il faudra d'abord débloquer les épreuves dans le mode solo.Enfin, sachez que comme tout bon party-game qui se respecte, Tous à l'Ouest peut se pratiquer avec trois autres compères. Mais il faudra avoir débloqué les épreuves dans le mode solo au préalable, ce qui ne sera pas forcément une mince affaire pour les plus jeunes. Difficile de comprendre cette décision de limiter l'accès à tous les jeux en multijoueur, puisque la vocation d'un party-game est avant tout de permettre à plusieurs personnes de s'amuser ensemble. Et évidemment, le fait de jouer en multi n'enlève rien au fait que les jeux souffrent de petits défauts gênants qui les rendent souvent frustrants. Bref, Tous à L'Ouest ne conviendra sans doute qu'aux inconditionnels du cow-boy, les autres en revanche passeront leur chemin et se dirigeront seuls vers le soleil couchant, ou plus probablement en compagnie des boules de poils les plus délirantes de la galaxie.
Mar 12 Fév - 2:13