LA HAVANE (Reuters) - Affaibli par la maladie, le dirigeant cubain Fidel Castro s'est retiré mardi de la scène politique 49 ans après avoir pris le pouvoir lors d'une révolution armée, ce qui met un point final à la carrière de cet homme devenu une icône pour de nombreux mouvements gauchistes et un dictateur pour ses adversaires.
(Publicité)
Castro, 81 ans, qui n'a plus été vu en public depuis une lourde intervention chirurgicale aux intestins il y a près de 19 mois, a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat de président ou de commandant en chef de l'armée lors d'une session de l'Assemblée nationale dimanche.
Son retrait de la scène politique laisse envisager des changements sur l'île caraïbe, mais les spécialistes de Cuba s'attendent davantage à des réformes économiques limitées qu'à une rapide transition politique.
"A mes chers compatriotes, qui m'ont fait l'immense honneur ces derniers jours de m'élire au Parlement, je vous informe que je n'aspirerai ni n'accepterai, je répète, que je n'aspirerai ni n'accepterai la charge de président du Conseil d'Etat et de commandant en chef", écrit Castro dans un message publié sur le site internet du quotidien communiste Granma.
Le président américain George W. Bush, qui a durci l'embargo imposé depuis des années au gouvernement cubain, a émis l'espoir que le départ de Castro ouvre "une période de transition démocratique" à Cuba et promis l'aide de Washington au peuple cubain.
"Pour finir, cette transition devrait conduire à des élections libres et équitables", a-t-il dit au Rwanda, où il se trouve actuellement.
LES CUBAINS NE SONT PAS SURPRIS
A Washington, le secrétaire d'Etat adjoint John Negroponte a estimé improbable la levée dans un avenir proche de l'embargo que les Etats-Unis maintiennent depuis le 7 février 1962 contre le régime communiste.
L'Union européenne de son côté s'est dite prête à étudier une relance des liens diplomatiques avec Cuba, gelés depuis l'arrestation de 75 opposants en 2003.
"La démission de Fidel Castro marque la fin d'une époque qui a commencé dans la liberté et s'est achevée dans l'oppression", a dit le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt.
Dans les rues de La Havane, où le calme prévaut, les Cubains n'ont pas marqué de surprise.
"Tout le monde savait depuis un certain temps qu'il ne reviendrait pas. Le peuple s'est habitué à son absence", confie Roberto, qui a refusé de donner son identité précise.
L'annonce du retrait de Castro, tombée en plein milieu de la nuit, n'a pas réjoui outre mesure les 650.000 exilés cubains de Miami pour qui le dirigeant de 81 ans appartient déjà à l'histoire du pays.
Les autorités américaines ont fait savoir qu'un plan avait été préparé pour empêcher un afflux massif d'immigrés cubains sur les côtes des Etats-Unis, comme cela avait déjà eu lieu en 1980 et en 1994. Le plan a été élaboré à la suite de l'hospitalisation il y a 19 mois du chef de la révolution cubaine.
L'Assemblée nationale cubaine devrait selon toute probabilité désigner dimanche son frère cadet et successeur désigné Raul Castro pour occuper la présidence du Conseil d'Etat. Le ministre de la Défense, âgé de 76 ans, assurait l'intérim depuis que Fidel Castro lui avait confié temporairement les rênes du pouvoir le 31 juillet 2006.
Raul Castro s'est montré ouvert au débat sur les problèmes dont souffrent Cuba mais il est peu probable qu'il engage de profondes réformes. Fidel Castro conservera une influence en tant que premier secrétaire du Parti communiste, le parti unique
Mer 20 Fév - 3:43