C'est un "non" de la justice qui se profile pour Chantal Sébire, qui a demandé le droit d'être euthanasiée. Le procureur de la République de Dijon a requis "l'irrecevabilité de la requête" lors de l'audience en référé mercredi devant le président du TGI, a-t-on appris vendredi auprès du Parquet général. La décision devrait intervenir lundi. Mais Chantal Sébire refuse toute fin de non-recevoir, qu'elle vienne de la justice ou du gouvernement. "Je n'accepte plus la souffrance qui perdure", a-t-elle affirmé vendredi matin sur RTL. Elle a évoqué le cas intenable dans lequel elle se trouve bloqué, "pas respectueux pour mes enfants, pas respectueux pour moi-même".
Cette quinquagénaire défigurée par une maladie incurable et évolutive, qui la conduit vers la mort au milieu de terribles souffrances physiques et morales sans aucun espoir de rémission, affirme pourtant qu'elle "aime vivre", qu'elle "aime faire la fête". Elle n'a rien d'une suicidaire. Mais, réclame-t-elle, "permettez-moi de m'endormir définitivement". Et elle dénonce "l'hypocrisie" actuelle qui entoure les souffrances en fin de vie.
Vers un nouvel avis médical
Pour l'heure, seule réponse officielle du gouvernement : le conseiller de Nicolas Sarkozy pour les questions de recherche et de santé a contacté, à la demande du président, Chantal Sébire, et lui a proposé qu'un "nouvel avis médical" soit donné par un collège de professionnels "pour que l'on s'assure ensemble que toutes les ressources de la médecin sont épuisées". Mais pour l'avocat de Chantal Sébire, "c'est pour occuper l'espace" que cette annonce a été faite. "Dans l'état où elle est, a priori, il n'y a pas le moindre espoir pour Chantal Sébire."
Désormais, si aucun autre choix ne lui est laissé, Chantal Sébire est prête à aller en Suisse, où le suicide assisté est autorisé. Mais elle voudrait mourir chez elle, entourée des siens ; c'est pour cette raison qu'elle a saisi la justice pour en obtenir le droit. Cette requête "est une première pour le monde judiciaire, mais nous ne demandons que l'application de la loi du 22 avril 2005 sur les droits des malades, dite Loi Léonetti", assure son avocat, Me Gilles Antonowicz. Or cette loi tend à instaurer un droit au "laisser mourir", sans permettre aux médecins de pratiquer une euthanasie active. Son auteur, le député UMP Jean Léonetti, estime donc que "la demande formulée n'entre pas dans le cadre de la loi. C'est une demande de suicide assisté, pas une demande d'accompagnement de fin de vie".
Mais d'ores et déjà, Bernard Senet, un médecin généraliste du Vaucluse, membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, a accepté d'aider Chantal Sébire à mourir, à condition que la justice le permette. Il s'en explique dans une interview que publie le quotidien Métro. "J'ai accepté, bien que nous habitions à 600 km de distance, d'être le médecin qui, si la justice le permet, se procurera le produit et l'aidera à le prendre", déclare le Dr Senet.